C’est à Warlaing, petit village du Douaisis qu’en 1938, que mon grand-père Marceau Evrard fils de maréchal ferrant commence l’élevage de quelques animaux pour sa consommation personnelle.
Très rapidement, celui-ci comprend l’intérêt de commercialiser ces viandes et c’est ainsi que le porc, l’agneau, le veau et le bœuf viendront rapidement prendre place auprès de quelques charcuteries maison, dans le petit étal de la boutique aménagée dans la maison familiale au 33 de la rue grande à Warlaing.
La vie est rude, pas de chambre froide, mais seulement des glacières refroidies par des pains de glace fabriquées dans des usines de la région puis pris en charge par des glaciers qui livraient leur pains de glace dans les bistrots, les boucheries et tous les magasins qui en avaient besoin.
En 1947, mon père Daniel Evrard alors âgé de 17 ans accompagne son père et met en place une tournée de marché sur le Valenciennois.
Au volant de leur Citroën TUB, ils sillonneront les villes et villages du bassin minier. La seconde guerre mondiale vient de s’achever, tout est à reconstruire et le commerce va bon train.
Mon père, passionné par le bon produit et l’élevage, aura durant toute sa vie, une cinquantaine d’animaux de boucherie en pâture, des porcs qu’il mettra en ferme à l’engraissement et des relations privilégiées avec les agriculteurs de notre région avec qui il partage sa passion.
En 1984, alors âgé de 16 ans, je décide d’apprendre le métier de cuisinier à l’école Jean Ferrandi à Paris. J’en sors en 1986, Major de ma promotion avec mon diplôme en poche, ce qui me vaudra de participer à la finale du meilleur apprenti de France…
Après un passage au « Lido » sur la célèbre avenue des Champs Elysées, puis au café de la paix place de l’Opéra avec Gilles Jouanin « Meilleur Ouvrier de France », je décide de revenir dans le Nord ma terre d’attache. Fort de mon expérience parisienne, je quitte la restauration pour rejoindre l’affaire familiale avant la disparition de mon père le 13 février 1989.
Avec ma sœur Catherine, et ma mère nous continuons l’aventure familiale, chaque jour de la semaine sur les marchés. Levés tôt le matin et fabrication de nos produits frais l’après-midi, le courage ne manque pas et le besoin de nous prouver que nous étions capables de relever le défi que nous nous étions donnés : « simplement continuer l’aventure familiale ».
En 1997, je décide de reprendre une boucherie à Marchiennes et d’y développer en plus de la boucherie, la partie traiteur. Je resterai à Marchiennes jusqu’en 2005, année où j’arrive à Lille… La passion du beau et du vrai produit, n’a cessé de grandir au fur et à mesure des années et au fil des diverses expériences et des rencontres…
L’humain prend une place importante dans la relation avec mon métier. Il est impossible aujourd’hui de concevoir un produit sans penser à celui qui a élevé avec passion et amour son animal. Il y a aujourd ‘hui et je défends cette idée des hommes et des femmes qui participent à cet équilibre alimentaire du moins manger mais du mieux manger.
Je pense que l’air de la surproduction animale arrive à son échéance et que la prise de conscience des risques occasionnés par celle-ci est en marche.
Aujourd’hui, nous avons tous un rôle à jouer pour cet équilibre !!!
Il est important pour moi de savoir comment et par qui la viande que je commercialise a été élevée, sur quel territoire, dans quelle condition.
Je me déplace régulièrement tant en ferme que dans les abattoirs pour comprendre et sonder la qualité de mes produits.
Depuis 2015, j’ai déposé ma marque « François Evrard viandes de collection » car j’ai une vision haute de mon métier et pour moi il y a viandes et viande, l’une au pluriel et l’autre au singulier comme quelque chose de rare … Comme une collection.
A ce jour nous sommes 25 collaborateurs et sommes tous unis par cette belle passion que nous faisons grandir au quotidien.
